Les réseaux sociaux sont aujourd'hui omniprésents dans notre vie quotidienne. Ils nous permettent de nous connecter, de partager, d'être informés mais aussi de nous organiser. Au cours des dernières décennies, ils ont pris une place de plus en plus importante dans la vie politique, tant pour les élus que pour les citoyens militants.
A l'heure où les médias deviennent de moins en moins traditionnels et prennent de plus en plus de place dans nos téléphones, une chose est sûre: « the revolution will not be televised ».
Sur base de l'expertise de Antoine Roblain (Faculté de Psychologie, Sciences de l’Education et Logopédie) et Louise Knops (Faculté des Sciences).
En octobre 2017, le New York Times publie un article révélant les abus sexuels du producteur de cinéma Harvey Weinstein. Cet article a un impact dans l'industrie du cinéma mais celui-ci ne sera pas généralisé jusqu'à ce qu'il prenne sur Twitter (X aujourd'hui). Lorsque l'article est publié, des femmes du monde entier prennent leur téléphone et décident de tweeter un simple hashtag qui lance un mouvement social toujours d'actualité de nos jours : #Metoo. Le pouvoir des réseaux sociaux se révèle ici dans sa capacité à rendre l'information accessible et à aider les mouvements à s'organiser.
Des mouvements comme #Metoo et #Blacklivesmatter ont récemment complètement changé la façon dont le militantisme est organisé et la façon dont les activistes abordent les médias sociaux. La mobilisation passe par des posts Instagram, des événements Facebook et des hashtags Twitter. Les avantages d'un tel changement sont immenses pour les mouvements sociaux. Ils créent une seconde vague d'information, pratiquement indépendante des médias dits traditionnels : de cette manière, des sujets qui auraient été ignorés auparavant se retrouvent au centre des préoccupations du public. De nombreux mouvements politiques qui ont marqué les débats publics ont ainsi vu le jour sur les médias sociaux ; l'appel à manifester pour la Palestine, la mobilisation contre le nouveau gouvernement, les organisations citoyennes pour l’environnement, etc. L'engagement en ligne permet d'amplifier la voix du citoyen.
Si les politiques s'adaptent rapidement à ces nouvelles formes de militantisme, il en va de même pour les responsables des réseaux sociaux. L'algorithme est devenu ces dernières années de plus en plus sévère sur plusieurs plateformes, donnant de moins en moins de visibilité non seulement aux mobilisations citoyennes mais aussi à toute forme de contenu politique. L’exemple le plus récent est Instagram, qui a introduit l'année dernière une nouvelle fonctionnalité permettant aux utilisateurs de choisir d'inclure ou non des contenus politiques dans leurs posts recommandés. L'algorithme est créé de manière à ce que les utilisateurs ne voient que les contenus qui correspondent à leurs opinions et à leurs intérêts déjà établis. Cela conduit à la création de bulles sociales où le débat n'existe plus et où les opinions restent strictement séparées. Les chercheurs remarquent également que la plupart des mouvements nés sur les réseaux sociaux ont du mal à prendre de l'ampleur dans la vie réelle, ce qui crée un décalage entre les deux, une sorte de double réalité avec des préoccupations et des enjeux différents.
Les réseaux sociaux ont modifié la forme de l'activisme social. La mobilisation doit être connectée pour exister et susciter l'intérêt et les interactions des gens. Certains mouvements plus larges ont réussi à traduire ce niveau d'engagement dans le monde réel, mais la plupart d'entre eux n'y parviennent pas. Ce décalage entre les préoccupations de la réalité et les préoccupations numériques témoigne des bulles sociales soigneusement créées par l'algorithme. Ainsi, l'activisme, tout comme les réseaux sociaux, change constamment et, avec la présence permanente de l'IA sur nos écrans, il continuera à changer à l'avenir.