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« Réorientation : un tremplin ou un retour en arrière ? »

Alors que le monde ne cesse d’évoluer, force est de constater que les parcours académiques perdent de leur linéarité pour devenir plus variés et malléables. La réorientation en cours de parcours devient de plus en plus fréquente et s’inscrit dans une dynamique de changement perpétuel, du cercle universitaire jusqu’au milieu du travail. Ce choix en séduit beaucoup et soulève quelques interrogations sur son véritable intérêt : la réorientation permet-elle toujours d’élargir ses opportunités ou est-elle au contraire un aveu d’échec ?

Nous allons nous pencher sur la question dans cet article avec l’aide de Joanne Content et François van den Driesche d’InfOR-études.

Tout d’abord, une clarification semble nécessaire : nous parlons ici de réorientation, soit l’arrêt d’études en cours pendant un cycle pour se diriger vers une autre filière ou un autre choix de formation. Ce processus doit être différencié de la reprise d’études, qui concerne généralement des personnes déjà diplômées, possiblement sur le marché de l’emploi. Les deux partagent des enjeux mais leur approche est différente. Comme nous l’expliquent Joanne Content et François van den Driesche d’InfOR-études, le principal motif de réorientation pour les étudiants et étudiantes concernés est un souhait de diversification des compétences. En effet, l’élément de spécialisation est non-négligeable. Certains étudiants souhaitent approfondir leurs connaissances dans une filière particulière et on peut très vite s’apercevoir que les choix d’orientation sont souvent liés au marché de l’emploi.

Il faut cependant nuancer la question de l’emploi. Comme Joanne Content et François van den Driesche nous le disent, « la reprise d’un master implique au moins deux ans d’études, parfois plus. La nécessité de reprendre des études au niveau bachelier avant de pouvoir intégrer le master de son choix peut parfois impliquer une reprise d’études de minimum cinq ans. Tout comme les élèves du secondaire, l’adulte en reprise d’études n’aura pas accès à une vision claire de ce que le marché de l’emploi proposera dans les années suivantes. » Baser sa réorientation sur les besoins actuels du marché de l’emploi est un pari risqué, là où une diversification des compétences, dans une ou plusieurs filières assurent à l’étudiant de voir plus de portes s’ouvrire. La réorientation concerne ainsi moins le salaire qu’une volonté de voir se multiplier des opportunités.

La qualité de l’accompagnement des étudiants concernés est également importante. On peut citer la présence d’InfOR-études et InfOR-Emploi pour l’ULB mais ce type d’aide varie fortement en fonction des différentes universités et hautes écoles. Il serait également difficile de ne pas mentionner l’impact que le Décret Paysage pourrait avoir sur les réorientations, que ce soit leur nombre ou leur objectif.  

La réorientation incarne donc une opportunité non négligeable dans la construction d’un parcours académique, que ce soit pour redéfinir sa trajectoire ou par souci de spécialisation. Le choix n’est pas sans défis, personnels ou financiers ou encore liés à la charge de travail occasionnée, mais il peut également devenir un véritable tremplin pour voir son expérience universitaire s’aligner de manière plus précise avec ses ambitions. Les rôles des institutions est non-négligeable dans le support qu’il apporte aux étudiants, tant purement administratif que moral. Il est cependant dangereux de baser tout son choix sur les besoins du marché du travail, tant celui-ci est fluctuant. La flexibilité et l’adaptabilité sont néanmoins des atouts majeurs dans tout parcours et malgré les difficultés que peuvent rencontrer les étudiants, le temps de réorientation n’est jamais du temps perdu. La place est maintenant aux institutions compétentes pour possiblement repenser les politiques éducatives dans notre pays et valoriser ces parcours non linéaires et leurs débouchés possibles.