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L’échec : transformer l’obstacle en opportunité

L’ULB, comme beaucoup d’autres universités, est marquée par un taux de réussite bas. Ainsi, l’échec impacte chaque année un grand nombre d’élèves de différentes manières et à différents niveaux.

Cet article a été réalisé en décembre 2024, par Asmaa Nayma Assam et Emilie Wierzejewski, grâce à l’expertise de Dirk Jacobs, sociologue, membre du GERME, et conseiller de la vice-rectrice pour l’enseignement (relations avec le secondaire) et de Sylviane Bachy, directrice de Service des Acquis et des Apprentissages (SAA)

Facteurs et causes de l'échec

Comprendre ce qui cause l’échec permet dans une certaine mesure de le contrer. Ainsi, le sociologue Dirk Jacobs met en lumière quelques facteurs déterminants pour la réussite des étudiants. 

Un destin universitaire est déjà en partie joué bien avant l’inscription. En effet, le parcours choisi par l’élève en secondaire a sa part d’influence ; une personne qui s’inscrit en études d’ingénieur et qui n’a pas suivi l’option mathématiques devra travailler encore bien plus puisqu’il démarrera avec quelques lacunes, ce qui peut être démotivant. 

Davantage encore, comme le disait Dirk Jacobs : « On peut constater que, malgré que le CESS (le diplôme reçu à la fin des secondaires) soit censé être équivalent partout, certaines écoles te préparent mieux à l’enseignement supérieur. ». En effet, toutes les écoles secondaires ne sont pas frappées de la même manière par les pénuries d’enseignants, toutes les écoles secondaires n’ont pas les moyens, le matériel et le personnel pour organiser autant de tutorats ou de remédiations. Ainsi, un étudiant qui n’a pas eu la garantie d’avoir toutes ses heures requises de sciences, de français, de maths, etc. ou qui n’a pas disposé de toutes les aides nécessaires, ne part pas sur un pied d’égalité en comparaison avec les autres étudiants. 

Il est également vrai que, comme l’a souligné Dirk Jacobs, « certains étudiants découvrent la liberté en arrivant à l’université ». Dans le supérieur, contrairement à l’école secondaire, personne n’est là pour prendre vos présences ou pour appeler vos parents si vous ne vous présentez pas en cours. Les étudiants sont à la fois plus libres et sont plus responsabilisés en ce qui concerne leur parcours scolaire.  Il est naturel de vouloir sortir, passer du temps avec ses amis, en bref, profiter, plutôt que de se lever à 6h pour prendre un bus et un métro en direction de l’auditoire. Cette liberté est cependant un peu à double tranchant : « Je constate chaque année, à titre personnel, que lors des examens, il y a des étudiants que je n’ai quasi pas vus lors des cours. Et donc je me pose la question de savoir comment on pourrait réussir si l’on n’a pas suivi le cursus. ».  Il y a en effet une nette corrélation entre les élèves qui réussissent et qui se présentent aux séminaires, au cours et qui prennent part aux remédiations proposées. Même si le travail personnel réussit à certains, il est facile de décrocher, surtout quand l’on sait que les premières années d’université sont assez théoriques. 

D’autres étudiants sont parfois dans une situation délicate qui relègue leurs études au second plan : situation économique un peu difficile qui demande de jober davantage, membre de la famille dans un état de santé compliqué, etc. Ces étudiants se trouvent généralement dans la fourchette des 30-45 crédits validés, comme l’a indiqué Sylviane Bachy, directrice du SAA. Pour eux (comme pour tous les autres étudiants, d’ailleurs), de multiples structures sont disponibles, que ce soit pour prêter une oreille attentive, proposer un allègement, examiner une demande de bourse, etc. 

La motivation joue elle-même un rôle dans la réussite de l’étudiant. Un mauvais choix d’orientation ou un choix guidé davantage par les parents, les amis, est l’une des causes importantes de l’échec : « J’espère que ce n’est plus trop le cas mais pour un étudiant qui choisit une filière parce que c’était la préférence des parents, ou alors parce qu’on ne sait pas trop quoi étudier donc on suit ses amis, là c’est au niveau de la motivation que cela va poser problème. », nous dit Dirk Jacobs lors d’une interview. 

Effectivement, les études universitaires ont quelque chose d’assez abstrait qui ne plaît pas à tout le monde, certains se rendront compte après quelques mois qu’ils cherchent davantage de concret, ce que le monde du travail pourra leur offrir plus rapidement. 

En tant qu’étudiant, on sait qu’il faut s’accrocher pour poursuivre dans la voie qui nous plaît, et cela requiert beaucoup de détermination et de motivation. Sauf que si, à la base, les études où l’on s’est inscrit ne sont pas notre véritable désir et n’ont donc pas vraiment de sens à nos yeux, trouver cette motivation se révèle impossible. Un exercice de remise en question s’impose donc pour l’élève : « Faut-il reconsidérer ses choix et songer à la réorientation ? ».  Dans la plupart si pas tous les cas, la réponse sera oui. 

Impact sur l'étudiant

L’échec, souvent perçu comme un obstacle, peut aussi se révéler être une étape décisive dans le parcours des étudiants. Un constat intéressant émerge : les femmes semblent généralement plus enclines à se réorienter, tandis que les hommes, notamment ceux issus de milieux modestes, ont tendance à persister dans une voie qui ne leur convient pas, souvent au détriment de leur épanouissement et de leur temps.

Face à un échec, une introspection honnête et sincère s’impose. Il est important de réfléchir aux raisons possibles, telles qu’une gestion du temps peu efficace, un manque de méthode ou une assiduité insuffisante. Cependant, si malgré tous les efforts déployés, les résultats restent insuffisants, une réorientation s’avère parfois nécessaire. Même si cette décision peut sembler difficile à accepter, elle ouvre souvent la porte à une nouvelle opportunité. Rappelons-nous qu’il n’est pas obligatoire d’exceller partout et qu’il n’y a pas de honte à prendre un nouveau cap après un essai infructueux. Enfin, si l’échec affecte la santé mentale, il est crucial d’en parler à des proches ou à des professionnels pour prendre du recul et aborder l’avenir avec sérénité.

L’échec universitaire, suivi d’une réorientation ou d’un abandon, ne doit pas être vu comme un échec en soi, mais plutôt comme une étape ouvrant la porte à de nouvelles possibilités adaptées à chaque parcours. Obtenir un CESS et s’être lancé dans des études universitaires reste déjà une réussite en soi, particulièrement pour ceux issus de milieux où l’accès à l’enseignement supérieur est loin d’être garanti. Cependant, plusieurs raisons peuvent expliquer l’abandon d’un cursus : certains étudiants jonglent avec des responsabilités extérieures, comme un travail à temps partiel ou la prise en charge d’un membre de leur famille, rendant l’organisation des études difficile. D’autres se retrouvent déconnectés de l’approche théorique et abstraite de l’université, préférant un apprentissage plus pratique, directement en lien avec le monde professionnel.

L’abandon ou la réorientation ne sont donc pas synonymes d’échec. Au contraire, si ce choix mène à un épanouissement personnel ou professionnel, il mérite d’être salué. Cela est particulièrement vrai pour les étudiants qui se sont orientés, parfois par pression sociale ou parentale, vers des voies qui ne correspondaient pas à leurs propres aspirations.

C’est dans ce cadre que des outils comme TEODOR, une plateforme mise en place par l'ULB, offrent un soutien précieux. À travers des tests adaptés aux intérêts des étudiants et à leur parcours académique, TEODOR les aide à envisager leur réorientation de manière réfléchie, en les guidant vers un avenir plus épanouissant, que ce soit dans la poursuite d’études ou dans une entrée plus concrète dans le monde professionnel.

Structures d'aide et solutions

L’échec académique, bien qu’éprouvant, ne marque pas la fin du parcours d’un étudiant. À l’ULB, de nombreuses structures et ressources sont disponibles pour accompagner ceux qui rencontrent des difficultés et les aider à rebondir.

Le Service d’Accompagnement aux Apprentissages (SAA) soutient les étudiants tout au long de leur cursus universitaire. Ce service vise à développer des compétences essentielles à la réussite académique et personnelle, en proposant un suivi personnalisé. Il offre un soutien dans les matières grâce à des guidances et tutorats, accompagne les étudiants dans la gestion du temps, de la charge de travail et de la motivation, et organise des ateliers axés sur la confiance en soi, la procrastination et d’autres aspects psychologiques.

Selon les crédits obtenus, des solutions spécifiques sont mises en place, avec l’appui du SAA et d’autres services de l’ULB. En cas de besoin, les étudiants peuvent également se tourner vers PsyCampus pour un soutien psychologique, le Service Social Étudiant pour des problématiques personnelles ou financières, ou encore la plateforme TEODOR, qui propose des tests d’orientation afin de faciliter une réorientation positive.

Enfin, l’échec peut être une opportunité de se recentrer sur ses véritables intérêts et compétences. Changer de filière ou réévaluer son parcours doit être vu comme une démarche constructive, et non comme un échec.