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Brève histoire de l’hésitation vaccinale

Le premier vaccin est découvert en 1796 par Edward Jenner. Il inocule la vaccine bovine à un jeune garçon et constate que ce procédé le protège de la variole.

Pasteur & Koch
Pasteur & Koch

Tout au long du XIXe et XXe siècles, les connaissances progressent et se perfectionnent dans la compréhension de l’origine des maladies et de la manière de les combattre. Les vaccins se multiplient. Des scientifiques comme Pasteur ou Koch font figure de personnalités emblématiques dans ce domaine de la recherche vaccinale.

L’hésitation vaccinale touche tous les vaccins dès leur découverte. Dans un premier temps, cela est notamment dû à une méconnaissance de la microbiologie. Par la suite, les vaccins sont victimes de leur succès: dès qu’une maladie disparaît ou devient quasi invisible, l’utilité des vaccins est remise en cause (la Covid-19 fait à ce titre peut-être figure d’exception historique).

Les arguments prônés par les personnes hésitantes sont multiples et assez constants dans l’histoire (bien que s’adaptant au contexte sociétal):

Il ne faut pas interférer avec la nature, pourquoi ne pas créer une immunité collective naturelle?

Il y a peu de chances que j’attrape cette maladie. Autant éviter ce vaccin.

Je suis un homme libre. On ne peut m’obliger à prendre ce vaccin.

Me faire vacciner?! Vous vous rappelez de l’incident des laboratoires Cutter? Je préfère ne pas prendre de risque.

Les vaccins ne servent qu’à enrichir les labos.

Quelques événements marquants ont donné du grain à moudre aux critiques les plus virulentes.

En 1998, l’étude publiée dans The Lancet liant le vaccin ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole) et les troubles autistiques.

Cette étude sera reconnue comme frauduleuse et sera rétractée. Pourtant, cette idée reste vivace dans la communauté antivax.

En 1955, "l’incident Cutter" qui sape la confiance du public envers le vaccin contre la polio aux USA.

II est important de souligner que l’hésitation vaccinale n’est pas synonyme d’antivax et ne regroupe pas une pensée homogène, allant du questionnement au complotisme.

J’aimerais être sûr que ce vaccin est efficace.

Le vaccin risque-t-il de muter?

J’aimerais avoir des enfants.
Ce vaccin ne peut-il pas être dangereux pour ceux-ci?

Il y a peut-être des effets secondaires, donc je ne préfère pas pour l’instant.

Chers lecteurs… L’industrie pharmaceutique est impliquée… la 5G propage de manière efficace le virus… Nos recherches ont été réalisées sérieusement avec des experts.
Chers lecteurs… L’industrie pharmaceutique est impliquée… la 5G propage de manière efficace le virus… Nos recherches ont été réalisées sérieusement avec des experts.

L’obligation vaccinale par l’État ne fait qu’augmenter le rejet si la méfiance préexistait déjà. Confiance envers les autorités scientifiques et étatique sont intimement liées dans l’imaginaire des individus.

Le rôle des entreprises privées dans la production des vaccins et leur recherche de rentabilité n’aident pas à renforcer la confiance au sein de la population. Ces aspects sont d’ailleurs à la base de nombreuses théories complotistes, amalgamant États et grandes industries.

Pourtant, ce rôle des Big pharma est contrebalancé au niveau des vaccins par des institutions relativement indépendantes que sont la communauté scientifique et les institutions sanitaires (Agence européenne des médicaments, Agence fédérale belge des médicaments, etc.) qui examinent les données des entreprises privées.

Les données manquent pour déterminer l’évolution de l’hésitation vaccinale sur le temps long. Mais des études ont pu relever une augmentation de l’hésitation vaccinale ces 20 dernières années en France. Les réseaux sociaux y ont joué un rôle, et ce à 2 titres: une visibilité accrue des minorités idéologiques, notamment des mouvements antivax; et une augmentation de la circulation des idées en lien avec l’hésitation trouvant des "acheteurs" sur le marché cognitif (voir à ce propos les écrits du sociologue Gérald Bronner).

La remise en cause, source de l’hésitation vaccinale, est à la base de tout raisonnement scientifique et est donc louable. Toutefois, cette remise en question doit contenir une évaluation rigoureuse avec des arguments scientifiques vérifiables et non des accusations sans preuves ou autres théories sans fondements factuels scientifiques. Ce deuxième aspect, tributaire très souvent de procédés rhétoriques antiscience, peut présenter un réel danger pour notre société.