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La guerre des étoiles, épisode X L'espace comme nouveau terrain de guerre?

Interview
  • Lorraine Chaar
  • Hannah Nachtegaele
Temps de lecture : 3 min.

Depuis le début du XXIè siècle, les avancées technologiques et de l’exploration spatiale ont nécessairement impacté la façon de faire la guerre.

La doctorante Lou Villafranca, spécialisée dans les questions spatiales et de sécurité, nous explique aujourd'hui les particularités de ce terrain spatial et ses potentialités comme nouveau terrain de guerre.

Y a-t-il une militarisation de l’espace ?

Lou Villafranca

On différencie généralement deux types de militarisation de l’espace. Une militarisation dite « passive » qui consiste à exploiter des informations collectées par satellite pour appuyer les forces militaires au sol (observation de zones d’intervention, positionnement de troupes, etc.) tandis que la militarisation dite « active » consiste à mener des opérations directement dans l’espace extra-atmosphérique. Un des exemples de militarisation active est l’affaire de l’espionnage du satellite franco-italien Athena-Fidus par le satellite russe Luch Olymp, qui a été exposée publiquement par l’ex-ministre française des Armées, Florence Parly, en 2018 dans un discours qui précède la création d’une stratégie spatiale de défense française quelques mois plus tard.

Quelles sont les inquiétudes par rapport à cette militarisation de l’espace ?

Lou Villafranca

Du point de vue du droit international, on se réfère encore à un traité datant de 1967 pour encadrer la militarisation des activités spatiales. Mais certains aspects de celui-ci restent encore mal définis, ce qui peut s’avérer problématique pour mettre des limites aux développements que l’on connaît ces dernières années. Le traité interdit notamment le déploiement d’armes de destruction massive en orbite, mais il n’interdit pas les autres types d’armes dites « conventionnelles ». Or, il y a un débat sur ce que constituerait une « arme spatiale » à proprement parler.

Prenons l’exemple des tirs « ASAT » (anti satellite activities, la destruction par un acteur d’un satellite depuis le sol, ndlr), ce n’est pas parce que les missiles ASAT sont considérés comme des « armes », spatiales ou terrestres, qu’ils sont pour autant interdits. Pour le moment, ces tirs sont toujours licites, et ce, malgré les condamnations fermes de la part de la communauté internationale. Bien que ces missions constituent pour le moment des missions « tests » consistant pour un Etat à détruire l’un de ses propres satellites inactifs, elles génèrent une grande quantité de débris spatiaux qui, à leur tour, peuvent en générer d’autres de façon exponentielle. Cette génération croissante de déchets n’est, à ce jour, pas (ou peu) encadrée juridiquement, malgré l’inquiétude exprimée par un nombre grandissant d’acteurs qui s’y opposent publiquement (y compris certains qui ont eu recours par le passé aux missions ASAT) en raison du risque engendré pour les autres objets en orbite.

A quel type de présence spatiale avons-nous affaire ?

Lou Villafranca

Depuis les premiers pas sur la Lune en 1969, l’exploration spatiale - comme démonstration technologique - est une manière pour les Etats de s’imposer et d’exister sur la scène internationale. Les avancées spatiales, notamment, de la Chine sont le fruit de développements énormes durant les trente dernières années.

De son côté, l’Europe étend ses infrastructures spatiales, en particulier via le développement de réseaux satellitaires. Elle oriente sa stratégie sur la coopération entre Etats membres de l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’UE (en parallèle des programmes propres à ceux-ci) dans la perspective d’une plus grande dépendance vis-à-vis de son allié américain. L'Europe vise également à un plus grand investissement dans les aspects sécuritaires du spatial, mais les États ne sont pas prêts à renoncer à leurs compétences souveraines en matière de défense.

La Belgique est le 5e plus grand contributeur de l'ESA et compte sur la coopération spatiale, qu’elle s’établisse dans le cadre de l’Agence ou de l’UE. Elle s’est notamment beaucoup spécialisée dans l’observation de la Terre. N’ayant pas d’agence spatiale à proprement parler, elle s’appuie sur Belspo qui traite toutes les activités du pays dans le domaine scientifique et technologique.

Des particuliers aux commandes de l’espace ?

Lou Villafranca

Depuis 20 ans, on assiste à une démocratisation grandissante du spatial grâce à la percée d’acteurs privés. Grâce à la baisse des coûts et au temps de développement plus court, les privés viennent challenger la façon dont les acteurs « traditionnels » font le spatial. On observe aussi qu'ils s’immiscent de plus en plus dans les enjeux de défense, ce qui rend les frontières de la sécurité entre acteurs publics et privés plus floues. Les terminaux Starlink, de l’entreprise spatiale d’Elon Musk, fournis à l'Ukraine sont un exemple parlant.

Il est toutefois important de rappeler que les États et les organisations internationales sont encore les acteurs centraux des relations internationales. Les acteurs publics sont, dans une certaine mesure, garants des contrats que peuvent obtenir les acteurs privés. À ce titre, il faut noter que sans la NASA et le gouvernement américain, SpaceX n’aurait sans doute pas connu la percée que la compagnie connaît actuellement.

Y a-t-il un risque de guerre de l’espace ?

Lou Villafranca

Lorsqu'on imagine les scénarios du pire, on a tendance à mettre en place les conditions pour que ces scénarios se réalisent.

Le développement des moyens spatiaux de pays comme la Chine ou la Russie, qui investissent dans le secteur militaire, inquiète. Mais avant de parler de menace, il faudrait se mettre à la place de ces États pour comprendre leurs agissements. Maintenir le dialogue afin de garantir la paix, sur Terre comme dans l’espace, est essentiel. Plutôt que de s’armer en retour, et de pousser à l'escalade des tensions, la diplomatie devrait être notre première ligne de défense.

Lou Villafranca

Lou Villafranca réalise une thèse de doctorat en politique spatiale, dans le centre de recherche REPI (Recherche et études en politique internationale), en Faculté de Philosophie Sciences sociales.

Université Libre de Bruxelles

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