Tous les jours, un nombre important de personnes se trouvent encore devant l’Office des étrangers à Bruxelles afin de demander l’asile. Certaines de ces personnes sont aidées par des citoyens et citoyennes mobilisés pour la cause des réfugiés. C’est dans le cadre de cette mobilisation que nous avons interviewé Antoine Roblain, chargé de cours au Centre de recherche en psychologie sociale et culturelle (CeSCuP) de l’ULB.
Une plateforme pour dénoncer le non-accueil des demandeurs d'asile
Comment expliquer la création de la plateforme citoyenne à Bruxelles ?
Antoine Roblain
La création de la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés répond d’abord à un besoin humanitaire puisque son émergence date de 2015, année durant laquelle de nombreux demandeurs d’asile stationnaient devant l’Office des étrangers pour pouvoir introduire leur demande d’asile. Au fur et à mesure, un camp s’est développé dans le parc Maximilien avec l’aide de citoyens. La plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés nait de cette organisation dans le but d’apporter un appui humanitaire au camp et de dénoncer politiquement les conditions d’accueil ou plutôt de non-accueil des demandeurs d’asile.
Qui se mobilise ?
AR
Le profil de citoyens qui se mobilisent est relativement hétérogène. À l’époque, la photo du petit Aylan, mort sur la plage en Turquie a incité de nombreuses personnes à se mobiliser. Cette photo représentait la détresse humanitaire dans laquelle se retrouvaient les réfugiés. Cette détresse ne touche pas un profil particulier mais bien tout le monde, car il s’agit avant tout d’une question morale pour les sociétés occidentales. Ainsi, on a vu s’impliquer des gens de très grande diversité, en termes démographiques, en termes politiques et même des personnes qui, à la base, sont très peu sensibles aux questions de solidarité.
Quelles actions mène la plateforme citoyenne à Bruxelles ?
AR
La plateforme citoyenne s’est toujours ancrée sur des actions humanitaires, telles que l’hébergement des personnes. De plus en plus, elle propose toute une série d’accompagnements psychologiques et juridiques ainsi que des plaidoyers politiques pour les personnes qui gravitent autour de la plateforme. Les actions menées par la plateforme ne passent donc pas énormément par les mobilisations sociales. L’aspect politique est surtout pris en charge par le porte-parole de la plateforme citoyenne.
Quel est le bilan des actions de la plateforme citoyenne ?
AR
Je dirais que la plateforme citoyenne a éventuellement influencé les débats sur les visites domiciliaires. De manière générale, sur la question migratoire, les choses n’ont pas évolué vers plus d’ouverture. Malgré cela, toute une série de personnes non mobilisées et non mobilisables sur la question de la migration avant le sont devenues maintenant. Un des enjeux des mouvements sociaux sur la question migratoire va être de réaccrocher ces personnes qui se sont impliquées durant les années 2015 et 2017 aux prochaines causes de la migration.
Antoine Roblain
Antoine Roblain est chargé de cours au Centre de recherche en psychologie sociale et culturelle (CeSCuP) de l’ULB.