Passer au contenu
  • Instagram
  • Facebook
Prisme
  • Instagram
  • Facebook
  • Youtube
  • Le Prisme de saison
  • Tous les numéros
  • Prisme, le débat
  • Les tas de faits
  • Je m’abonne
  • À propos
  • Les acteurs
Université Libre de Bruxelles

Comprendre, questionner, débattre

6
  • Partager sur Facebook.
  • Partager sur Twitter.
  • Partager par mail.
Article précédent Article suivant

Quel avenir pour nos assiettes ?

Interview
  • Franklin Steve Azebaze Agueguia
  • Kerryan Hermans
Temps de lecture : 3 min.

Beaucoup de problèmes abordés. Quelques solutions exposées. Les questions restent en suspens dans ce numéro...Tout comme la crise de la sécurité alimentaire!


Interview de la Docteure Rathana Peou Norbert- Munns qui est passée maître en planification de systèmes alimentaires durables, résilients et à faibles émissions. Cette futurologue primée, dont les recherches portent sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire, se penche sur nos questions quant à l’avenir de notre assiette dans un contexte de forte pression démographique. Elle nous répond, à travers le prisme de ses « 4 principes inviolables » (sécurité alimentaire, sécurité de l’eau, sécurité énergétique, sécurité sociale et sanitaire), depuis le Sud-Est de l’Asie où elle travaille avec la FAO à la prospective et l'analyse des politiques en matière de changement climatique.

La production agricole et animale pourra-t-elle toujours permettre de subvenir aux besoins alimentaires de toute la population mondiale en pleine croissance démographique ?

Rathana Peou Norbert- Munns

On produit plus que ce dont nous avons besoin à l’échelle mondiale. Le problème c’est la distribution qui est mal gérée. Actuellement, il y a moyen de produire suffisamment sur Terre pour que chaque individu ait accès aux calories qui lui sont nécessaires quotidiennement. C'est une question de partage, qui devrait être plus égalitaire.

Quelle pression le changement climatique exerce-t-il sur l’agriculture et l’élevage ?

Rathana Peou Norbert- Munns

Le changement climatique n’est pas nouveau, et les civilisations ont l’habitude de s’adapter. Ce qui change du passé, c’est qu'aujourd’hui la population est beaucoup plus élevée. Comme dit plus tôt, il y a moyen de nourrir tout le monde, mais le partage devrait être plus égalitaire.
La vraie menace n’est pas le changement climatique, c’est une question de gouvernance de l’agriculture et l’élevage pour un accès à la nourriture saine pour tous.tes.

Ces adaptations seront-t-elles pareilles dans toutes les régions du monde ?

Rathana Peou Norbert- Munns

Le contexte est différent d’un pays à l’autre, et il est important de le souligner. Et les pays plus pauvres devront changer leurs régimes alimentaires plus vite. Ce qui n’est pas spécialement négatif. Au Bengladesh, au Vietnam, dans ces pays qui adoptent depuis plusieurs années déjà un discours d’agriculture résiliente face au changement climatique, on constate qu'il y a là une tentative de produire de la nourriture plus saine et plus diverse mais également plus climate resilient. Ceux qui sont vus comme les plus vulnérables actuellement seront les piliers des innovations futures en alimentation et en agriculture.

Au vu de cela, l’auto-suffisance alimentaire a-t-elle encore un sens ?

Rathana Peou Norbert- Munns

Non, parce qu'il ne faut pas regarder uniquement l’autosuffisance alimentaire, il ne faut pas non plus regarder uniquement le nombre de calories, mais plutôt au niveau nutritionnel, le niveau access, le coût énergétique. En effet, il y a beaucoup d’indicateurs à comprendre lorsqu’on pense à un système aussi complexe et interdépendant que le système alimentaire.
Autrement dit, je pense que la question de sécurité alimentaire ne se résume pas à l’heure actuelle en termes de calories, mais va être plutôt notre sécurité énergétique, surtout pour nous qui vivons dans des espaces urbains ; et le fait qu’on n’en parle pas assez, surtout en zones urbaines et en Europe, est encore plus dangereux que la crise climatique en Asie.

L’union européenne se fera-t-elle encore une place sur le marché, ou deviendra-t-elle trop dépendante d’autres pays ? Lesquels ?

Rathana Peou Norbert- Munns

C’est un peu la trajectoire en ce moment, je pense que l’Union Européenne produit moins, process plus, devient dépendante d’autres pays qui ont au moins encore des terres qui sont reliées à la production. Maintenant il y a un vrai pouvoir d’achat qui est en Europe, mais pour combien de temps encore aura-t-on un marché structuré de cette manière ? vu qu’on voit justement les différents échecs et les crises qui se multiplient à différents niveaux, des crises alimentaires qui deviennent beaucoup plus fréquentes, et des inflations de plus en plus fréquentes. Ainsi, je pense que la société, l’Union Européenne comme on la connaissait il y a quelques années, ne va pas dans une trajectoire à être beaucoup plus résiliente, mais plus dépendante certainement, mais à quel prix ? ça je ne suis pas sûre que l’Union Européenne puisse y répondre.

Quelles recommandations donneriez-vous pour la prochaine PAC (politique agricole commune) ?

Rathana Peou Norbert- Munns

D’apprendre de son passé, surtout des leçons et des échecs de la PAC passée. Je pense qu’il y a beaucoup de choses à revoir par rapport à la PAC : comment ça avait été conçu ? comment ça avait été formulé ? et à quel point on a ignoré les signaux qui montraient un défaut d’adaptation. J’espère que la nouvelle PAC va prendre en compte cette réflexion, qui est vraiment un côté less and learn qui arrive. Que cette PAC version 2 soit vraiment un improuvement, et pas un copy and paste de ce qui a été fait il y a trente ans.
Aussi, la PAC devrait être un échange. Qu’il ne s’agit pas uniquement de la demande ou du futur de la demande européenne, mais également de prendre en compte que les pays qui sont partenaires européens, ont des choix à faire également, pour leur propre sécurité alimentaire, et sur leurs trajectoires d’évolution visées.
J’espère que la PAC va prendre en compte que ces identités très fortes, peuvent vraiment aider aussi à avoir un vrai partage et un vrai respect des deux côtés des demandes.

Quelle sera notre assiette de demain ?

Rathana Peou Norbert- Munns

Les assiettes ont fréquemment changé dans les sociétés humaines ; elles deviennent de plus en plus complexes, et demandent de plus en plus d’énergies. Je souhaite que l’assiette du futur, demande moins de process, demande moins d’énergie, et deviennent de plus en plus locale.

Rathana Peou Norbert- Munns

VUB - BrIAS

Université Libre de Bruxelles

Retrouvez Prisme sur les réseaux sociaux de l’ULB.

  • Instagram
  • Facebook
  • Youtube
  • Je m’abonne
© 2025 Prisme –
  • Mentions légales
Design and development by Typi Design