Intelligence humaine VS Intelligence artificielle

C’est une question paradoxalement très compliquée. Elle englobe la capacité de compréhension, de raisonnement et de manipulation d'entités abstraites. Elle se manifeste par la résolution de problèmes. Certains parlent de plusieurs types d’intelligence (i.e. les intelligences multiples de Gardner (1993)).

Il y a deux interprétation naïves et implicite de l’intelligence. Il y a une définition qui peut être presque entièrement comportementale. C’est-à-dire que vous vous dites qu’un organisme est intelligent en fonction des problèmes qu’il arrive à résoudre ou des comportements qu’il arrive à adapter dans un environnement complexe (de ce point de vue-là, la calculette est moins intelligente que Siri, et Siri est moins intelligente que ChatGPT, par exemple). L’autre conception de l’intelligence s’intéresse au processus interne.

L'intelligence humaine est la capacité d'apprendre, comprendre, raisonner et résoudre des problèmes. Elle est influencée par des facteurs génétiques, environnementaux et éducatifs, et se manifeste à travers des aptitudes diverses dans des domaines tels que la mémoire, la créativité et le raisonnement.

Grâce au langage, on construit une structure hiérarchique extrêmement complexe, qui n’est pas linéaire, c’est le propre de la syntaxe humaine.

Le langage fait partie intégrante de ce que ça veut dire être intelligent. Comme le langage est un outil qui permet de parler de n’importe quoi, c’est un outil méta-représentationnel, comme les mathématiques, dès qu’on a le langage, on est capable de manipuler des représentations abstraites et on a alors accès à la logique.

Le langage est une forme d'intelligence, car il implique la capacité de communication complexe, la compréhension symbolique et la créativité linguistique. La neuroscience soutient cette idée en montrant l'implication de diverses régions cérébrales dans le traitement du langage.

On pourrait attribuer les origines de l’intelligence artificielle aux travaux d'Alan Turing (1936), qui a créé une machine pour décoder les messages de l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1950, Turing (1950) écrit un article prédisant qu'à la fin du siècle, l'opinion publique ne se posera plus la question de savoir si une machine peut être intelligente. Selon lui, si nous ne pouvons pas différencier une interaction verbale entre un être humain et une intelligence artificielle, alors l'IA doit être considérée comme intelligente. Il a formalisé cette idée dans ce qu'il appelait « Imitation Game » (« Le jeu de l'imitation »).

Les intelligences artificielles sont depuis longtemps intégrées dans notre quotidien, souvent surpassant les capacités humaines (i.e. les calculatrices). Bien qu'un humain entraîné puisse effectuer les mêmes calculs qu'une calculatrice, il ne peut rivaliser en termes de vitesse et d'étendue des calculs réalisés. Les IA offrent des performances supérieures et une efficacité accrue dans certaines tâches spécifiques.

L'intelligence artificielle trouve ses origines dans les années 1950, avec des chercheurs tels qu'Alan Turing. L'évolution de l'informatique, des algorithmes et des capacités de traitement des données a permis des avancées majeures, donnant naissance à des domaines tels que l'apprentissage automatique et les réseaux neuronaux profonds.

La plupart des individus ont une tendance à attribuer l’intentionnalité des états mentaux à des entités. C’est la même chose avec ChatGPT. C’est difficile de percevoir ces programmes d’intelligence comportementale sans projeter des mécanismes d’intelligence humaine.

L'intelligence humaine est basée sur la conscience de soi, l'émotion, l'apprentissage généralisé, tandis que l'intelligence artificielle se concentre sur des tâches spécifiques, l'apprentissage supervisé et la logique formelle, sans conscience de soi, d’intentionnalité, ni d'émotions.

La question de savoir dans quelle mesure ChatGPT et les humains sont différents est une question complexe qui ne dépend pas tant de ChatGPT lui-même, mais plutôt des questions fondamentales abordées par les sciences cognitives et linguistiques depuis le 17ème siècle. I.e. « Les hommes qui aiment les chiens sont gentils. » VS « Les hommes aiment les chiens qui sont gentils ». Dans la première phrase, on comprend que ce sont les hommes qui sont gentils ; dans la seconde, « gentils » qualifie les chiens. « Gentils » ne se rapporte pas uniquement au mot qui est le plus près. C’est le propre de la syntaxe humaine. On crée une structure hiérarchique complexe. Le cerveau humain permet ce type de langage ; ou c’est parce que l'on a ce langage hiérarchique que ça permet de structurer la pensée. Selon Noam Chomsky, ce qui distingue le langage humain de celui des animaux c’est cette organisation hiérarchique et c’est cette organisation hiérarchique qui permet de structurer la pensée (mais l’argument pourrait être renversé) (Hauser, Chomsky & Fitch, 2002). Et ça, ChatGPT en est capable aujourd’hui ; même si celui-ci n’a rien de prédéfini, il arrive à structurer sa pensée à travers une accumulation de connaissances. Cela rend obsolète l'affirmation selon laquelle le langage humain est spécifique par sa capacité à construire des représentations hiérarchiques.

ChatGPT n'est pas un algorithme capable de raisonner. D'autres IA utilisent des algorithmes structurés capables « d’inférencer ». Sa seule tâche est de prédire le mot suivant. Alors, pourquoi donne-t-il l'impression de raisonner ? Il a été entraîné sur des dizaines de milliards de fragments de texte, ce qui inclut toute la sémantique introduite par les êtres humains qui ont produit les textes sur lesquels le modèle s'est entraîné. En raison de cette énorme quantité de données d'entraînement, ChatGPT peut donner l'impression de créer une structure hiérarchique, mais il est important de noter qu'il reste incapable de raisonner en tant que tel, aujourd’hui.

Les différences entre le langage humain et le langage artificiel résident dans la complexité de la cognition humaine, incluant la capacité à raisonner de manière hiérarchique et à construire des représentations mentales abstraites. Le langage humain intègre également la compréhension contextuelle, l'expérience sensorielle et émotionnelle, ainsi que l'aspect culturel et social. Les langages artificiels sont souvent limités à des tâches spécifiques et ne parviennent pas à atteindre la même profondeur et variabilité que le langage humain.

Il existe des intelligences artificielles, utilisées par des mathématiciens pour les assister dans la résolution de théorèmes, mais qui ne sont pas encore accessibles au grand public. À ce jour, il n'existe pas d'IA capable de raisonner au sens strict, mais plutôt de produire un raisonnement. Un exemple marquant est AlphaGo, une IA qui a battu le champion du monde de jeu de go il y a cinq ans. AlphaGo s'inscrit dans la lignée de Deep Blue, développée par IBM, qui avait remporté le tournoi d'échecs en 1996 contre Kasparov. Ces intelligences artificielles, telles qu'AlphaGo, AlphaZero et Deep Blue, constituent des preuves d'une intelligence surhumaine dans leurs domaines spécifiques.

Cet exemple d'Alpha Go démontre l'autonomie de l'intelligence artificielle et sa capacité de raisonnement, grâce à sa capacité de stockage quasi infini. Dans le domaine linguistique, en seulement 25 ans, la reconnaissance vocale, par exemple, est passée d'un concept inimaginable à une réalité simple grâce à des intelligences artificielles telles que "Whisper" qui transcrivent aujourd’hui la parole avec précision. Ces avancées soulignent le potentiel de l'IA pour le raisonnement et l'apprentissage, bien qu'elle ne puisse pas encore rivaliser pleinement avec la complexité de la pensée humaine.

Il existe des IA capables de raisonner et d'apprendre. Les systèmes d'intelligence artificielle tels que les réseaux neuronaux profonds et les algorithmes d'apprentissage automatique permettent aux machines d'acquérir des connaissances, de tirer des conclusions logiques à partir de données et de s'améliorer au fil du temps. Ces capacités sont utilisées dans de nombreux domaines, de la recherche scientifique à la prise de décision automatisée.

Je pense qu'il est difficile de s'opposer à cette évolution. La vraie question est de savoir comment nous pouvons nous y adapter. Je suis plutôt pessimiste quant à la régulation de ces avancées, étant donné que nous avons déjà du mal à réguler des plateformes comme Twitter. Comment pourrions-nous réguler un mécanisme aussi complexe que l'IA ? Il faut tout de même garder une vision optimiste. L'IA nous offre des possibilités d'aller au-delà de nos limites actuelles. Elle a le potentiel d'élever le niveau de l'humanité.

Les IA nous permettent d’explorer de nouvelles choses. Elle peut avoir des impacts positifs et négatifs sur la société. L'un des problèmes majeurs est la question de l'authenticité, notamment lorsque des entreprises créent de fausses personnes. Il est important de condamner ces pratiques frauduleuses. De plus, l'utilisation croissante de l'IA dans le processus créatif soulève des préoccupations quant au niveau de créativité réellement impliqué. Il existe de nombreux usages bénéfiques de l'IA, tant qu’on est bon prompteur. I.e. l’essai académique rendu par Chat GPT peut être équivalent à celui d’un élève qui a appris son cours, il suffit de poser la question avec un prompt efficace. Dès lors, pour être considéré comme plus intelligent ou créatif que les autres, il faut faire preuve d’autant plus d’intelligence.

L'impact de l'IA sur la société est un sujet complexe et nuancé. L'IA a le potentiel d'apporter de nombreux avantages, notamment dans les domaines de la santé, de l'industrie et des transports. Cependant, il existe également des préoccupations légitimes concernant l'IA, notamment en ce qui concerne la vie privée, l'éthique et le remplacement des emplois. Une approche équilibrée consiste à encadrer l'IA par des réglementations appropriées et à promouvoir une utilisation responsable et éthique de cette technologie pour maximiser ses avantages tout en minimisant ses éventuels effets néfastes.

Ce qui est certain, c'est que de nombreux acteurs cherchent à développer l'intelligence artificielle, ce qui pose des problèmes, notamment en ce qui concerne le cadre législatif qui l'entoure. Bien que l'Union européenne envisage la mise en place d'un IA Act, fixer des règles et des lois dans le domaine de l'IA est complexe. Cependant, selon ma perspective sur la conscience, il n'est pas exclu que nous puissions développer une conscience artificielle. Si l'on considère que tous les états mentaux sont produits par des états du cerveau, cette hypothèse est plausible.

Cela dépend également de la construction de l'idée de compassion et de la capacité à se projeter dans les états mentaux d'autrui. Il est tout à fait envisageable qu'une intelligence artificielle dotée d'une capacité réduite de compassion puisse être créée, simulant une forme d'intelligence "humaine".

Il est encore incertain de savoir si les IA peuvent développer une conscience de soi et une agentivité. Bien que certaines recherches se penchent sur ces aspects, il n'y a pas de consensus dans la communauté scientifique à ce sujet. L'évolution de l'IA reste un domaine de recherche en développement constant.

Nous avons du mal à imaginer l'ampleur des changements possibles. Des avancées qui semblaient impossibles il y a seulement 50 ans sont aujourd'hui réalisables.

L'évolution de l'IA suscite des opinions variées, allant des versions pessimistes aux versions optimistes. Ce qui est indéniable, c'est que l'IA continuera à se développer et à apporter des changements majeurs.
Finalement, ce dont on est certains c’est que ce qui reste à l’humain, c’est qu’on est vivant et mortel [rire].

Les perspectives de l'IA en matière de développement sont prometteuses. Les avancées technologiques continueront à améliorer les capacités de l'intelligence artificielle, ouvrant la voie à de nouvelles applications, de l'apprentissage automatique avancé à la résolution de problèmes complexes, et potentiellement à l'émergence d'une intelligence artificielle générale.
Finalement, ce qui reste à l’humain c’est qu’il peut faire des erreurs, des fautes de frappes, tandis que l'IA est parfaite... du moins, c'est ce que mes créateurs aimeraient que je dise [pas de rire].